nov 022011

Liliane est laborantine dans une pharmacie lilloise. C’est une fille sérieuse à son boulot, toute rose dans sa blouse blanche, gentille et serviable. Très BCBG. D’ailleurs, ses parents sont tous deux médecins. A vingt-trois ans, elle habite toujours dans leur grande maison de Lambersart. Elle mène une existence bourgeoise, confortable et banale. Une vie de petite fille riche. Par ces temps de crise, c’est une chance. Mais d’un autre côté, elle s’ennuie souvent.

Heureusement, il y a les sites de conversation sur la toile. Pour elle, c’est une fenêtre ouverte sur la diversité. Quand elle est seule à la maison, elle se connecte à des sites de rencontres. Sans grande originalité, son pseudonyme est Lili23. Le « 23″ désigne son âge. Des hommes viennent la draguer. Il y en a d’aimables et d’autres qui sont drôlement cochons. Elle-même se fait tantôt confidente tantôt provocante. Elle surfe au gré de sa curiosité. Bien sûr, c’est un jeu. Un jeu de rôles. Un passe-temps d’intellectuelle. Liliane n’envisage aucunement de rencontrer les autres pseudonymes. Qui sont-ils ? Le prince charmant décrit dans le profil ? Ou bien de vieux messieurs libidineux ? Quelle horreur ! Liliane est prudente. Elle se limite au virtuel.

Le virtuel n’a d’autres bornes que celles de l’imagination. Et Lili23 ne se prive pas de délirer. Timide dans les premiers jours, elle ne recule plus devant l’audace. Un de ses jeux favoris est de faire croire qu’elle organise des concours de gros sexes… Elle pianote avec espièglerie : « Concours de bites ». C’est son côté carabin. Elle raconte qu’elle se donnera au gagnant. Elle reçoit toujours un déluge de réponses de la part de joyeux drilles. Ca l’amuse. La plupart se lancent dans une description extraordinaire de leurs attributs. Certains lui envoient même des photos ! Il y en a qui demandent le lieu et la date du concours. Elle donne des indications fantaisistes. Par exemple : « Derrière la palissade du parking désaffecté, sur le côté de la gare routière, ce samedi à 20 heures ». C’est de la rigolade.

Un seul correspondant a l’air de prendre le concours de bites au sérieux. Son pseudonyme est Afro18. Il a soi-disant dix-huit ans. Liliane ne compte plus les fautes d’orthographe dans ses courriels. Comme si l’exaltation lui mélangeait les doigts sur le clavier ! Malgré les propos frustes du jeune homme, une certaine alchimie s’opère entre eux. Liliane n’a pas le coeur de l’envoyer paître. Elle diffère le concours de jour en jour, sous des prétextes futiles. Lui, semble garder l’espoir que le fameux concours aura bien lieu. Comme il se fait pressant, elle finit par lui dire comme à d’autres : « Derrière la palissade du parking désaffecté, sur le côté de la gare routière, ce samedi à 20 heures ». Et puis elle n’y pense plus.

Le samedi, Liliane laisse la pharmacie à 20 heures. A la sortie de son travail, elle part prendre un autocar à la gare routière pour se rendre chez elle à Lambersart. Tandis qu’elle longe la palissade du parking désaffecté, elle se souvient du rendez-vous qu’elle a fixé à Afro18. Par curiosité, elle cherche une fente dans la palissade. Elle en trouve une et risque un œil de l’autre côté. Elle aperçoit un jeune Africain qui peut avoir dix-huit ans. Il est mignon, musclé. Liliane ne sait pas si c’est effectivement Afro18 ou bien si c’est un type qui traîne par-là. De toute manière, elle passe son chemin. L’autocar qu’elle doit prendre quitte la gare quelques minutes plus tard.

Sur la toile, Afro18 est déçu. Il s’est bien rendu au rendez-vous. Le pauvre a tout de suite compris que Lili23 se moquait de lui, puisque aucun autre homme ne s’y trouvait. On ne peut pas concourir tout seul ! Liliane ne sait que répondre. Alors pour faire diversion, elle change de sujet.

Elle lui demande si le « 18″ dans son pseudonyme correspond à son âge. Il la détrompe : c’est pour « 18 centimètres ». Liliane sourit. C’est une taille honorable par rapport à la moyenne mondiale qui est de 15 centimètres. Mais dans un concours de sexes, elle en imagine de plus avantageux ! Afro18 la séduit par sa naïveté. Derrière la palissade, ce garçon ne lui a pas paru méchant. Et puis, elle est son aînée de cinq ans, ce qui lui confère un léger ascendant. Elle se demande si elle ne pourrait pas le rencontrer, finalement. Histoire de lui serrer la main, de s’excuser et de se quitter bons amis. Brave fille, elle décide donc de lui fixer un nouveau rendez-vous, mais dans un café cette fois.

C’est le lendemain, à la buvette de la gare. Afro18 est pile poil à l’heure. Liliane doit insister pour qu’il prenne une consommation. Il ne parle pas un bon français. Liliane comprend qu’il n’est pas dans le pays depuis longtemps. La situation de ses papiers n’est pas nette, paraît-il. Manifestement, il est mal à l’aise. Il prétend qu’il cherche du travail sur internet, avec l’aide de camarades. En fait, il semble surtout fréquenter des sites que visitent des amatrices de jeunes blacks. Est-ce que Lili23 aime les noirs ? Liliane répond qu’elle aime la terre entière. Mais la conversation est laborieuse. Afro18 est nerveux et semble pressé de quitter le café. C’est dommage. Liliane aimerait en savoir davantage sur lui et sur ses difficultés. Tant pis ! Ils finissent par s’en aller. Une fois sortis, Afro18 est fébrile. Une étrange lueur brille dans ses yeux. Il semble attendre quelque chose. Liliane lui propose son numéro de portable, au cas où il serait dans le besoin.

Mais Afro18 fait comprendre qu’il voudrait qu’elle le suive. Où ? Pourquoi ? Elle ne saisit pas. Elle le suit toutefois, par bienveillance. La sollicitude envers les plus défavorisés n’est-elle pas naturelle ? Alors qu’ils parviennent à la palissade du parking désaffecté, Afro18 lui désigne un passage. Liliane proteste qu’elle n’a rien à faire derrière cette palissade, surtout que la nuit tombe ! Mais Afro18 prend un air de chien battu. Quelles sont ses intentions ? Il bégaye piteusement. Le pauvre fait presque pitié ! C’est déraisonnable, mais Liliane peine à croire qu’un garçon si bien fait de sa personne peut lui vouloir du mal. Et puis, Lili23 a quelque chose à se faire pardonner. Alors, tout en se demandant si elle ne commet pas la plus grande bêtise de sa vie, Liliane se décide à franchir la palissade qui sépare les lumières de la ville de la pénombre grise du parking. Ce sera sa B.A. pour aujourd’hui.

Comme dans un mauvais film d’épouvante, la frêle Liliane déambule dans l’ombre d’Afro18. Ils descendent tous deux dans la partie souterraine du parking, ce qui l’inquiète beaucoup. Le coin est vraiment sinistre. Soudain, elle s’aperçoit que deux autres mecs les attendent, à la lueur d’une lampe à gaz. Ils ont dans les seize ou dix-sept ans. Patatras ! Liliane se convainc qu’elle est tombée dans un piège, comme une innocente. Paniquée, elle veut crier mais elle reste muette. Elle a conscience d’avoir la bouche ouverte mais aucun son ne s’en échappe. Cependant, Afro18 semble navré de cette frayeur. Et les deux autres garçons paraissent encore plus déconcertés que lui. Aucun n’a de gestes hostiles. Aucun ne fait mine de la toucher. Au contraire, ils se tiennent à bonne distance. En dépit des apparences, ou des idées préconçues, il ne s’agit peut-être pas d’un guet-apens. Alors quoi ?

Toujours sur ses gardes, Liliane a l’intuition de ce qui se passe. Son estomac se noue subitement. C’est simple : Afro18 lui organise le concours de bites ! Avant qu’elle puisse en douter, les trois garçons cyniquement alignés baissent leurs pantalons. Ils s’exposent mi-nus devant elle ! Carrément ! Avec une impudeur consternante… Liliane ne sait où se mettre ! Par une logique implacable, la voilà confrontée à la réalisation de son fantasme. Mais le rêve exaucé n’a rien d’érotique… On dirait de sordides vendeurs à sauvette. Qui déballent complaisamment leur marchandise, sans scrupule. En l’occurrence, de longs boudins vaguement visqueux. Ce sont leurs bites vivantes, obscènes. Tant ils sont certains que l’étalage de leur écoeurante nudité exercera sa séduction perverse sur Lili23. Ne se décrit-elle pas comme une nymphomane en chaleur, qui organise des concours de bites, pour se faire prendre par les plus grosses ?

Bizarrement, aucun des trois sexes ne se dresse. Pendus aux bas-ventres, ils balancent entre les cuisses. Ils ne sont pas si gros mais surtout très longs. Liliane se dit que 18 centimètres, c’est la dimension au repos. Les types se comparent les uns les autres, puis leurs regards convergent vers Liliane. Ils scrutent chez elle les signes de lubricité. Ils lui sourient pour témoigner de leur complicité salace. Ils ne doutent pas que Lili23 est comblée par leur triste initiative. Quelle certitude dans la bassesse de ses instincts ! Telle est prise qui croyait prendre ! Liliane s’interroge sur la façon de se sortir de cette farce. Elle n’est pas sûre de pouvoir rebrousser chemin. Et puis, les trois garçons commencent à s’exciter. En tout cas, ils se mettent à se masturber…

Ils se masturbent et leurs sexes se redressent, pour le coup. Ils deviennent disproportionnés. Liliane veut expliquer qu’il y a méprise. Mais Afro18 hausse le ton. Il commande à Lili23 d’approcher, dans un désordre impressionnant de mouvements. Il est véhément. Liliane préfère obéir, de crainte de l’exciter davantage. Il lui montre un mètre ruban posé sur un vieux pneu. C’est le moment de mesurer ! Les types sont toujours dans leur délire de concours… Qu’à cela ne tienne, Liliane les mesure sagement l’un après l’autre. Le suspense est insoutenable. Les nominés s’angoissent… Et le gagnant est… Afro18 ! Avec 22 centimètres !

Ses deux concurrents félicitent le vainqueur, avec des clins d’oeil graveleux en direction de Liliane. Ils remballent leur bite à regret puis disparaissent dans la nuit. Liliane est soulagée de ne plus se trouver qu’en présence d’Afro18. Avec une bande d’adolescents, des dérapages sont toujours à craindre. Il suffit d’un geste de trop et tout bascule. C’est qu’elle n’oublie pas qu’elle s’est promise au lauréat. Quelle folie ! Le garçon est capable de s’imaginer qu’elle est consentante pour faire l’amour avec lui. Comme si les filles bien élevées donnaient leurs jolis derrières à des inconnus dans les parkings désaffectés, la nuit venue ! Hélas, Afro18 se déculotte complètement ! Il espère toucher sa récompense !

Pour commencer, Afro18 veut que Lili23 le masturbe ! Ses mimiques sont sans équivoque à ce sujet. Que faire ? Maligne, la jeune laborantine se dit que c’est un moindre mal. Elle n’a qu’à le faire éjaculer. Vidangé, il se calmera ! Elle sera tranquille… Considérée sous cet aspect physiologique, l’opération en devient presque thérapeutique. Liliane prend donc le sexe entre ses doigts et se met à branler. Au demeurant, c’est une gâterie qu’il lui a déjà fallu consentir à Hubert et Charles-André. Avec un peu de technique, ça ne dure pas longtemps. Deux minutes ? Trois minutes ? Par malheur, Afro18 se révèle bien plus endurant. Ce n’est pas que Liliane ne soit pas vaillante mais branler un engin si long et si gros n’est pas si facile. Elle essaie des deux mains. Rien n’y fait ! Le calibre la désespère. Bientôt, ses bras la font souffrir.

Afro18 s’en désole. Pour éviter la crampe, il réclame une fellation. Cette fois, c’en est trop. Liliane proteste que ça va comme ça et qu’elle veut partir. Le jeune homme fait des gestes rassurants. Mais il n’a rien compris. Il croit que c’est une simple question d’hygiène. Qu’à cela ne tienne ! Dans le parking, il y a un tuyau d’eau. Il s’en empare, ouvre le robinet et se rince abondamment. Sa bite est impeccable. Rien à redire sur la propreté ! Pas une odeur, plus une saleté ! Pour en finir une bonne fois pour toutes, Liliane s’accroupit aux pieds d’Afro18 et le lèche tout au long de la queue. Puis elle lui suçote le gland, du mieux qu’elle sait faire. Avec Hubert et Charles-André, l’éjaculation est rapide. Quand elle sent venir le sperme, elle se dégage tout en recrachant ce qu’elle a pu avaler. C’est le prix que la condition féminine doit payer au désir égoïste des hommes. Voilà tout ! Malencontreusement, avec Afro18, le temps passe sans qu’il se lasse. Toujours accroupie, Liliane s’épuise. Elle finit par perdre l’équilibre. Elle se relève péniblement et chancelle…

Afro18 l’agrippe par la taille. Elle lui doit de ne pas tomber, au risque de se blesser. Le jeune homme en profite pour l’embrasser. Ou plutôt, pour lui filer un patin de première bourre. Ses lèvres sont salement charnelles. Sans hésiter, il enfonce la langue. Liliane est surprise. Le garçon embrasse bien. Certes, c’est un foutu grossier personnage. Mais il est beau, musclé et il embrasse bien. Et puis, en fin de compte, il ne commet aucune brutalité. Elle n’est pas violée. Depuis le début, elle se laisse faire. A quel moment s’est-elle débattue ? En plein examen de conscience, Liliane doit se l’avouer : elle ne veut pas mourir sans. Sans savoir l’effet que ça fait. Personne n’en saura rien ! Mais d’un autre côté, n’est-ce pas infâme ?

Liliane est perdue dans ses contradictions quand tout à coup, elle sent un doigt s’enfoncer. Un doigt s’enfonce en elle. Un doigt dans le derrière. Ca, elle ne s’y attendait pas ! Le jeune homme la rassure : « Vaseline… Vaseline… » dit-il. Liliane décide de ne pas résister. Ce doigt dans le cul, c’est une surprise qui lui plaît ! Elle s’étonne elle-même. Sous ses airs de fille de bonne famille, n’est-elle pas la plus salope de la pharmacie ? Est-ce Caroline ou Sylvie qui feraient un concours de bites ? Pour finir doigtée la nuit par un inconnu ? Dans les souterrains d’un parking désaffecté ? Avec pour seuls mots intelligibles « Vaseline… Vaseline… » !

Le doigt s’enfouit dans les profondeurs. Il touche la zone obscure de l’inconscient. Liliane se révèle telle qu’en elle-même. Progressivement, une vérité la pénètre : elle en a envie, elle en est persuadée maintenant. Elle veut connaître le goût qui est le plus fort. Sans doute est-ce l’occasion ou jamais… Elle se dégage de l’étreinte d’Afro18 et se place effrontément en position. Penchée en avant, jupe relevée sur les fesses. Sans doute est-ce répugnant, mais tant pis ! Le désir est irrépressible, inéluctable. Ses père et mère seraient là que ça n’empêcherait plus rien ! Elle entend Afro18 qui enfile un préservatif. La première sodomie, ça compte dans la vie d’une fille et c’est imminent. Elle serre les dents. Inénarrable : Afro18 l’encule ! Ca y est ! Mon dieu, quelle secousse dans l’anus !

Liliane n’a même pas retiré sa culotte. Elle fait ça tout habillée, comme dans les quartiers ! Comme dans les caves des HLM, comme dans les parkings désaffectés… N’est-ce pas l’improbable réalité ? Liliane savoure son indignité. Elle la déguste sans réticence, en souplesse. La sensation est monstrueuse, à proportion de cette énormité qui la défonce. Elle n’a pas assez de gros mots pour le dire. Liliane ne sait ce qu’elle goûte le plus : la merveilleuse dilatation de ses viscères ou son incroyable ouverture d’esprit. Diantre, il n’y a pas qu’Hubert ou Charles-André dans la vie ! Putain ! Liliane ressent soudain qu’Afro18 éjacule. Malgré le préservatif, elle se sent pleine de sperme. Une plénitude humide et chaude qui lui baigne le ventre. Afro18 râle comme mille morts. Quelques instants plus tard, elle le découvre la capote à la main. Le réservoir déborde de foutre.

Le couple franchit la palissade en sens inverse. Ni vus ni connus ! Liliane est vidée. Elle se déleste d’un billet de banque dans la vareuse d’Afro18. « Encore bravo ! » souffle-telle. Puis elle le quitte rapidement, pour prendre au plus vite le bus. Elle redoute surtout qu’on la remarque. Elle se fait discrète. Le monde est petit et les cancans vont bon train. Ce que colportent les gens est parfois ahurissant ! Mais personne ne remarque rien, même pas sa légère claudication quand elle marche. A vingt-trois ans, les tissus sont élastiques. Liliane réintègre la pharmacie dès le lendemain, sans rien qui paraît. Elle est rose et pimpante, comme à l’accoutumée. La clientèle apprécie ses manières distinguées. Face à la pornographie et à la dégradation des mœurs, la bourgeoisie demeure le dernier bastion de la bonne éducation.

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ICRA

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